La niaque des mots démoniaques ou peut mieux faire

Publié le par Aimedjee

Voilà ça recommence. Idées noiraudes, pensées à quoi bonnesques. Et si j'ajoute la crainte de ne plus être inspirée, je me recroqueville et m'assèche sur mon triste sort. Demain, je disparais et on n'entendra plus parler de moi.

En fait, disparaître ne me gène pas, mais ne plus écrire, c'est autre chose. Quoi que je fasse, il y a toujours cet appel du mot qui aspire à la phrase. Un battement de coeur et tout d'un coup, le mot qui me chatouille, me gratouille le bout des doigts, ne me laissant que le choix de l'exprimer si je ne veux pas qu'il m'étouffe.

Cela me fait de belles jambes tous ces mots qui s'agrippent comme des puces voraces. Dans le fond, je les aime d'un amour vache ces mots collants dont je ne sais pas toujours que faire. Mes balbutiements perdurent et me perturbent. Une impression de stagner. Et bien sûr, plus je ressens cela, plus je freine des quatre mains pour reprendre le chemin du clavier. Si vieux cercle vicieux.

Serait-ce un passage obligé au bout de quelques temps de blog à part ? Il est peut-être nécessaire d'affronter une nouvelle étape. La stase pesante, le piétinement laborieux sur un palier trop plat, avant de s'envoler vers un nouvel ailleurs bien plus inspirant encore.

Si je reste honnête avec moi-même, autant le dire tout de suite : je manque de discipline. Ma ferveur à me prendre aux mots a l'allure d'un tacot crachotant. L'écriture n'est pas un médicament dont la prescription m'est nécessaire matin midi et soir, mais une bonne dose journalière ne me ferait pas de mal.

Au lieu de quoi, le soir, je profite d'une fatigue bien méritée après une journée de travail pour m'exiler au plus profond de mon canapé. Zone de confort. Très souvent, le chapitre d'un excellent bouquin me tombe des mains ou la vision d'un film passionnant s'éteint avant l'ordinateur. Je suis une bête de sommeil en somme, lasse après douze heures passées à travailler hors de mon antre. Oui mais...

Je compte sur les jours s'allongeant au renouveau du printemps, sur les rayons tout frais du soleil radieux, sur le chant aigu des oiseaux matinaux, pour relancer ma machine intérieure qui sort peu à peu de sa léthargique hibernation. Ensuite, je passerai à la vitesse supérieure.

Sauf que je ne le sais que trop bien : si les mots ont une raison d'être au-delà de ma plume, je ne peux compter que sur ma constante obstination à les pousser dehors.  

Publié dans Coquille de moi

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C
C'est marrant que je tombe sur ton texte alors qu'hier, vraiment hier, le hier d'hier et pas le hier d'une façon de parler, je me faisais la remarque que mon envie d'écrire semblait se réveiller après une hibernation de plusieurs mois. Et je me demandais dans quelle mesure ce réveil avait à voir avec le cycle des saisons et l'arrivée du printemps. <br /> En tous les cas, il est clair que tes mots ont toujours autant de force et ce texte a un rythme incroyable, une musique où chaque mot tombe pile à sa place sur la partition, avec des jeux et des acrobaties sur les mots qui me font battre des mains comme une gamine. Franchement, ce serait du gââchis de te rendormir!
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P
Mais c'est un beau texte sur cette difficulté d'écrire, matérielle, tout le monde connaît cela. En effet, le soir venu, l'ordinateur reste fermé, le gsm n'est efficace que pour fcbk et encore ! On peut s'assoupir devant la télé - un livre, c'est différent, on peut, enfin, il m'arrive de m'endormir sur un livre, mais rarement dans mon canapé, sauf si je décide d'y siester parce qu'il y a du soleil dans le salon, bref... <br /> <br /> Je suis restée aussi de longues périodes sans écrire, sans trouver même un seul mot à coller à une consigne d'écriture dans les &quot;ateliers&quot; d'écriture en ligne que je fréquente régulièrement, les Impromptus ont dix ans et les Défis du samedi. Et Interludes... Fatigue, fatigue... Et là, je rattrape mon retard depuis ce matin, mais je voyage beaucoup, réfléchis encore plus, et n'ai plus la force d'écrire une ligne ! <br /> <br /> Bonne hibernation donc, mais dans un mois, c'est le printemps !
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A
Ah chère Pivoine, je crois que je me réveille. L'arrivée imminente du printemps est en train de me démanger. Merci tout plein d'être là.
L
On l'entend bien appeler, le mot, on sent bien qu'il est là et qu'il n'est pas près de lâcher prise! <br /> L'écriture c'est un peu comme un rosier, on ne peux pas avoir de belles roses tout le temps mais on peux apprécier de voir les boutons grandir et lorsque les fleurs sont là, quel bonheur! Bon ça fait très cliché mais c'est vrai! <br /> Aussi vrai que l'appel du canapé se fait souvent plus fort que l'appel du mot, ce n'est pas moi qui te dirais le contraire, n'est-ce-pas?! ;-). Mais l'un n'empêche pas l'autre, les mots se couchent partout, y compris depuis un canapé...<br /> Au plaisir de te lire Walkyrie Aimedjee!
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A
Je suis toujours ravie de te lire mon Ecrivain masqué de la première heure. Et j'aime beaucoup la métaphore du rosier. Où vois-tu un cliché ? Moi, je vois le temps de la patience, celui habité par des soins prodigués avec constance et amour, avant que puisse se déclarer une floraison délicate. Ces derniers jours, je contemple, avec une joie renouvelée, celle de mes orchidées. Si je veux que mes boutons de mots soient plus nombreux, pas de doute, il me faut prendre soin de l'écriture, avec plus de régularité que maintenant.<br /> A l'heure où je te réponds, je suis sur le canapé, l'ordinateur sur les genoux... Ecriture et canapé..L'un n'empêche pas l'autre, il est vrai. Je te couche quelques baisers sur les joues. A tout bientôt...
C
Quoi que tu décides, n'arrête pas d'écrire trop longtemps, car c'est un exercice qui fait du bien à l'âme.<br /> ¸¸.•*¨*• ☆
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A
Oh belle et douce Célestine, il n'est pas question d'arrêter d'écrire ni sur ce blog, ni ailleurs. C'est vrai que cet exercice fait du bien à l'âme. Plus d'une fois, l'écriture m'a sauvée d'une lame de fond qui a failli m'emporter loin de moi. Seulement la fatigue du quotidien, l'hiver trop long et j'en passe rendent les doutes plus présents et ma volonté de prendre la plume très faible. Je m'en sortirai, je le sais, je suis toujours revenue à l'écriture. Et puis, vous êtes là, mes lecteurs... Présences célestes... Bisous divins...
M
bon, ben, à te relire quand tu seras prête, donc<br /> hiberne bien, macho-ne nous bien tes jolis mots pour plus tard<br /> on sera là
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A
Coucou mon Kaleido ! &quot;tes jolis mots&quot;, c'est gentil ça. J'ai des doutes, j'ai des doutes, mais ils ne m'empêchent pas de te dire un grand merci du fond du coeur. L'hibernation prenant doucement fin, je m'en vas voir ce qui va en sortir ! A tout bientôt. Je t'embrasse.